C’est l’histoire de Georges, un homme ordinaire, simple qui va certainement mourir dans quelques jours. Georges est seul dans sa chambre d’hôpital, une chambre froide, blanche avec un minimum d’ameublement. Il attend sagement que la mort vienne le chercher. Georges est seul face à son destin car il n’a pas d’ami et pas de famille.
Georges est fils unique, pas de frère et pas de sœur. Il perdit ses parents, très jeune, dans un accident de voiture. Très vite il fut confronté à une éducation dans des foyers pour enfants oubliés par la vie. Dans ces centres éducatifs, on n’est pas bien vu si on n’a pas de parent. Les insultes fusent sans cesse et les bagarres sont monnaies courantes.
Georges fréquentait plus facilement les salles noires d’isolement que les bancs d’école. Les enfants entre eux étaient parfois très durs et n’éprouvaient aucune empathie devant la douleur morale de Georges. Peu d’entre discutaient avec lui ou lui demandaient de jouer dans la cour de récréation. Lorsque certains se risquaient de parler avec Georges ils étaient pris à parti par d’autres camarades méchants et se faisaient rosser de coups. Georges assistait impuissant à ces actes de violences et s’en voulait d’avoir laissé approcher ces camarades et d’essayer d’échanger avec eux.
Parfois il avait un camarade. Enfin, celui faisait semblant de s’intéresser à lui. Son objectif était de trouver un élément, un mot, une situation pour que cela devienne un sujet de conversation et de moquerie en groupe.
La situation lui faisait si peur qu’il évitait ensuite tout contact avec des nouveaux élèves. Il grandit avec cette peur, cette peur de se faire des amis. Il ne participait à aucune activité de groupe et se terrait dans les bibliothèques, les livres furent longtemps ses amis du silence.
A ses 18 ans, il quitta enfin cet endroit cynique pour se lancer dans la vie active. Il va pouvoir mener une vraie vie et faire des nouvelles connaissances. Mais son passé, ses expériences avec les enfants de son âge, avaient amené son subconscient à se protéger et bannir tout rapprochement, des barrières psychologiques afin de le protéger du monde extérieur.
Son premier emploi fut un poste de magasinier. Son poste l’amenait tous les jours à entrer en contact avec l’ensemble du personnel de fabrication. Ce contact relationnel lui plaisait. On lui disait tous les jours plusieurs fois bonjour, comment ça va…. Les questions d’usage…
Très vite il s’aperçu qu’il occupait un poste stratégique dans la société. Il avait un pouvoir, le pouvoir de dire non à certaines commandes ou le pouvoir de sortir certains éléments du stock. Il n’était pas le seul à avoir remarqué ce pouvoir et très vite “ses collègues” en profitèrent. Certains l’invitèrent chez eux pour une soirée pizza ou un barbecue. Le lendemain, ils passaient au magasin avec des demandes personnelles que Georges, après été reçu en pacha ne pouvait refuser.
Georges était gentil et évitait de dire non afin de protéger ses nouvelles relations. Il acceptait régulièrement sachant que derrière il pourrait bénéficier d’un peu d’attention et d’intérêt. L’ensemble de ses collègues le respectait, disons montrait en façade un profond respect mais au grand regret de Georges, derrière, dans les salles de pause, au réfectoire, dans les soirées privées, les commérages et les médisances se faisaient rage.
Georges le savait. Il en souffrait en silence et rentrait tous les soirs, seul, triste dans son deux pièces. Ce n’est pas évident de passer 8 heures par jour face à des personnes qui vous font un grand sourire, qui font semblant de s’intéresser à vous et qu’en définitive ce n’est qu’un leurre afin de soudoyer le magasinier. Les ragots étaient de plus en plus insultants et désagréables que parfois certaines personnes se plaisaient à se moquer en face de lui pour provoquer un peu de colère et essayer de le toucher émotivement. Mais Georges s’est bâti un caractère d’acier. Il a une armure de chevalier devant la médisance de ses collègues et s’enfermait dans le silence afin d’éviter les conflits provocateurs. Il avait un objectif, acquérir suffisamment de pratique pour pouvoir postuler pour un autre emploi, mieux qualifié, mieux rémunéré et avec des responsabilités plus importantes. Fort de tout l’acquis qu’il avait obtenu durant ces quelques années il démissionna, le jour de l’inventaire, le jour le plus important pour l’entreprise.
Georges avait un deux pièces. Un petit appartement situé dans une cité ouvrière. Il s’était dit que dans une cité, dans un immeuble il pourrait se faire des amis. Les voisins viendraient partager la pizza devant un match à la tv. Il pensait que la mentalité dans un immeuble serait différente qu’au foyer. Les habitants se serraient les coudes et s’entraidaient devant les difficultés de la vie. Il y avait 6 appartements sur son étage. 5 voisins, il les connaissait très bien, il savait quand ils sortaient, leurs habitudes, leurs manies mais ne leur avait jamais adressé la parole. Il les croisait dans les escaliers ou le couloir, cherchait le regard pour pouvoir dire “bonjour, comment ça va aujourd’hui ?” mais sans succès. L’indifférence totale était la règle qu’il croyait que chacun respectait comme une religion. Il passa ses soirées seul, il avait toujours de la bière et des cacahuètes dans le placard au cas où, on se sait jamais.
Durant sa vie, il déménagea trois fois. Chaque nouvel endroit était propice à la possibilité de se faire des amis. Mais, comme pour le premier foyer, chaque endroit renfermait son lot de personnes isolées, seules et ne cherchant aucun contact. Il se résigna et garda son dernier appartement jusqu’à la déclaration de sa maladie.
Il trouva un autre emploi assez rapidement. Il avait acquis une certaine expérience et avait réussi à convaincre le recruteur qu’il était capable d’encadrer du personnel et gérer une équipe.
Le poste fut intéressant. Responsable du plateau logistique d’une société de transport routier. Il encadrait une équipe de 20 personnes, il s’était assuré de la parité homme femme afin de maintenir un équilibre dans les relations. Il était doué pour le management, dirigeait son équipe d’une main de fer et n’avait aucune relation extra-professionnelle avec ses subalternes.
La rigueur et le respect étaient de mise. Il imposait le vouvoiement. Tous les matins, c’est lui qui saluait tout le monde et le soir il était toujours le dernier à partir. Cette situation était difficile pour se faire des amis dans le service. Concernant les autres cadres, la jalousie l’emportait devant les résultats de Georges et son équipe. Il aurait cru qu’en prouvant ce qu’il valait il aurait pu attirer la sympathie de ses supérieurs et l’intérêt chez ses collègues, cadres dans les autres services. Mais la réalité fut toute autre, il accepta et sans rechigner, sans regret il a su mettre tout son savoir-faire et ses compétences dans cette entreprise et ce jusqu’à son départ, départ pour l’hôpital.
Sentimentalement la vie de Georges n’est pas une réussite non plus. Il a essuyé plusieurs échecs et n’a jamais réussi à avoir d’enfants. Il rencontra sa seule femme dans une fête foraine. Il était assis sur un banc mangeant sa glace et est venue s’asseoir une femme, elle était triste car elle venait de perdre son ami. Un accident de couloir comme on dit, un regard et hop il lui a envoyé un petit message pour lui dire que c’était fini. Un grand classique à notre époque. Elle était au début silencieuse puis se mit à parler avec Georges. Ils sont restés ainsi toute l’après-midi puis Georges lui a pris la main pour l’emmener chez lui. Cela s’est fait ainsi. Ils sont restés 5 années ensemble. La relation était platonique, Georges était gentil mais ne proposait rien afin d’éviter un non ou de décevoir. Chacun menait sa petite vie en évitant d’empiéter sur le territoire de l’autre. La prise de repas était aussi en respectant le protocole, d’abord sa femme puis Georges. Ils partageaient parfois une sortie cinéma mais c’était rare.
Le soir venu, chacun allait se coucher et un baiser sur le front de sa femme sonnait la fin de la journée et l’extinction des feux. Rares furent les relations intimes. La séparation fut tout aussi simple que la rencontre. Elle est rentrée un soir, fait sa valise puis s’est dirigée vers Georges en train de lire un roman policier.
“Je te quitte, Georges. Au revoir”
Georges regarda sa femme, lui fit un sourire puis replongea dans son livre. Il ne la retient pas. Il n’aimait pas les conflits, si elle voulait partir et bien c’était son choix.
Georges est resté seul ensuite très longtemps. Ne sortant que rarement, il ne pouvait guère rencontrer d’occasions. Parfois, il éprouvait des sentiments pour une femme croisée dans un supermarché mais il avait tellement peur d’affronter la personne et lui faire part de ses émotions qu’il se repliait sur lui-même et se refugiait dans son deux pièces.
Georges fit un malaise sur son poste de travail un beau matin d’été. Sa maladie s’était déclarée plus tôt et Georges savait qu’un jour il deviendrait faible et ne pourrait plus faire face à ses responsabilités professionnelles. Ce jour arriva. Il s’écroula en salle de réunion sans dire un mot, il posa juste sa tête sur ses bras et fermât et les yeux. Georges avait une maladie incurable. Ses jours étaient comptés car il n’existait aucun remède. Une maladie orpheline. Il se savait malade et connaissait l’issue mais il ne s’est jamais plaint. De toute façon il n’avait pas d’amis pour se plaindre.
Il fut hospitalisé dans une unité spécialisée. Il occupa une chambre austère. Elle était blanche, un lit au milieu, un système de perfusion à proximité. Un petit meuble blanc où était posé un verre d’eau était le seul meuble de la pièce hors mis une chaise dans le coin. La chaise n’était guère utilisée puisque personne ne rendit visite à Georges. De la fenêtre une jolie vue sur le parc mais Georges ne le vit jamais car dès son arrivée il fut couché et il n’avait pratiquement plus de force pour se lever. Le seul plaisir qu’il put s’offrir ce dut la télévision, sa compagne de toute ses soirées sera là aussi pour le regarder partir. Ses visites furent celle de l’infirmière. Elle était jeune, la trentaine. A chaque visite, elle faisait un joli sourire, ne parlait de la maladie de Georges. Elle lui parlait du temps à l’extérieur, des actualités et écoutait parfois durant de longues minutes car son temps était précieux dans ce service, les récits de la vie de Georges. Il l’aimait bien car elle ne le jugeait pas et était très professionnelle.
Les premières journées furent longues pour Georges, même avec la télévision. Couché la plus part du temps et personne avec qui discuter à part la gentille infirmière quelques minutes sur une journée c’est peu. Le service spécialisé est un service assez particulier et difficile pour le personnel y travaillant. Les malades sont parfois en fin de vie et c’est assez éprouvant de passer du temps avec une personne, de l’accompagner et puis un matin de la voir sans vie. Le personnel est formé pour cela, mais est on assez formé pour emmagasinez de la souffrance à longueur de temps ? Le regret que parfois certains personnels pouvaient avoir c’était de ne pas être plus souvent au chevet des personnes seules dans ces circonstances.
Un jour, Georges eut une voisine, elle occupait la chambre voisine à la sienne. Emilie. Elle avait 7 ans. Pleine de vie et curieuse, elle ne pouvait rester dans sa chambre et se baladait dans les couloirs du service. Emilie fut hospitalisée dans le même service car elle souffrait elle aussi d’une grave maladie. Une forme avancée d’une maladie orpheline. Elle peut parfois être en pleine forme puis d’un coup très fatiguée et épuisée. Des gènes respiratoires l’obligent à garder le lit durant de longues journées avec toujours la hantise que son corps ne résiste pas. Le médecin de famille l’a fait hospitaliser d’urgence car à plusieurs reprises déjà il a fallu la réanimer. La famille était équipée mais avait peur de ne pas être à la hauteur au cas où la situation deviendrait dramatique. La petite fille ne semblait pas affectée par sa maladie. Elle se savait malade mais elle mordait la vie à pleine dents. Elle ne se plaignait jamais, avait toujours le sourire et lorsque sa santé lui permettait elle se baladait, sa petite poupée à la main dans les couloirs du service sous l’œil attentif des infirmières. Dans les moments difficiles, là où sa maladie sévissait, elle restait couchée et écoutait l’infirmière lui raconter des histoires. Sa mère lui rendit visite régulièrement, elle venait toujours accompagner de cadeaux, chocolats, peluches, livres. Mais elle ne pouvait rester, elle sombrait rapidement dans les larmes sachant sa petite fille condamnée et ne pouvant rien faire que se résigner face à ce destin auquel nul ne peut y échapper.
– Ne pleure pas Maman, je sais que je vais bientôt aller au ciel. Tu ne dois pas être triste, Grand-mère est la bas et m’attends. Elle prendra soin de moi tu sais. Il ne faut pas pleurer, cela me rend triste, est ce que je pleure ? moi ?
Ses paroles se terminaient toujours par un sourire infantile et innocent. Sa mère fut troublée et entra dans une grande dépression espaçant ainsi ses visites à sa petite fille.
Emilie savait qu’elle était très malade, elle en parlait avec l’infirmière et avaient tous les deux de longues conversations sur ce qui se passerait ensuite. Elle était rassurée de savoir que sa grand-mère serait là pour l’accueillir et n’avait pas peur. Elle était remarquable et avait ému tout le service, sa réputation avait faire e tour de l’hôpital et il était qu’elle ne fasse pas partie d’un sujet de conversation entre les membres du personnel soignant.
Elle avait le droit de se balader dans les couloirs mais il lui fut interdit d’entrer dans les chambres des patients. Certains étaient très souffrants et les infirmières ne voulaient pas qu’Emilie puisse voir certains malades. Elle respecta les règles pratiquement toujours sauf qu’un matin, remontant le couloir, elle passa devant la chambre de Georges, elle était ouverte.
– Bonjour, je m’appelle Emilie.
Emile se tenait la debout sur le seuil de la porte sa poupée dans les bras et un grand sourire aux lèvres. Georges fut surpris, les visites étaient rares et jamais il ne s’attendait à voir une petite fille souriante sur le bord de sa porte. Il lui rendit le sourire mécaniquement.
– Bonjour, moi c’est Georges. Tu as une jolie poupée dis donc, comment s’appelle t’elle ?
– Elisa, tu es malade toi aussi ?
– Oui mais ce n’est pas très grave, je vais m’en remettre très vite et toi tu es venue rendre visite à quelqu’un ici ? tu n’es pas à l’école ?
– Non, je suis aussi malade, j’ai la chambre juste là, à cote de vous.
– Ha…
Georges fut surpris. Si cette petite fille était dans ce service c’est que c’était grave. Il eut de la peine pour elle et chercha des mots ou un sujet de conversation mais il était bloqué par l’émotion de savoir cette petite fille avec ce jolie sourire aussi malade que lui.
Emile voyant la surprise de Georges se risqua à entrer dans la chambre. Elle prit la chaise et s’installa au chevet de Georges.
– Ne soit pas triste, je ne suis pas triste moi ! Tu es la depuis longtemps ?
– Heu…
Georges hésita, sa peur d’engager la conversation l’envahit de nouveau. Mais de quoi avoir peur ? C’est juste une petite fille, elle ne cherche pas à me nuire, se disait il
– Deux semaines, répondit Georges d’une petite voix
– Et ben ! et tu es la dans ce lit depuis tout ce temps ?
– Oui,….. je n’aime pas trop marcher alors je regarde la télévision pour passer le temps
– Mmmm, oui oui. Tu as des enfants ? de la famille ?
Georges n’en croyait pas ses oreilles, cette petite fille s’intéressait à lui. Il lui répondit sincèrement et lui raconta sa vie, ce qu’il a vécu. Emilie écoutait sans un mot, juste son sourire. Elle hocha parfois la tête ou pris l’air étonné dans d’autres circonstances. Une écoute parfaite !
L’arrivée de l’infirmière mis fin à cette première rencontre. Elle raccompagna Emilie dans sa chambre mais ne la gronda pas. Elle fut contente que Georges puisse avoir une personne avec qui discuter un peu. Emilie raconta tout ce que Georges lui avait dit. Elle était heureuse car elle voulait qu’il soit son ami et elle demanda à l’infirmière l’autorisation de lui rendre visite aussi souvent qu’elle le souhaitait. Comment refuser cela à une petite fille qui ne voit que du positif autour d’elle et pour qui même la mort ne lui fait pas peur.
L’infirmière accepta si le temps ne dépassait pas une ou deux heures car Georges avait besoin de repos. Elle rendit visite ensuite à Georges.
– La petite est aussi très malade je pense ?
– Oui, répondit tristement l’infirmière, la vie est parfois cruelle. Elle vous aime bien. Je lui ai autorisé à venir vous voir, il faut juste faire attention à vos conversations de façon à ne pas lui faire peur ou faire mal.
– Ne vous inquiétez pas. Cela me fait trop plaisir d’avoir de la visite. Merci beaucoup
Et c’est ainsi, durant plusieurs jours, Emilie rendait visite le matin et l’après-midi à Georges.
Ils discutaient ensemble de tout, de rien. Ils regardaient la télévision et riaient ensemble devant les émissions comiques. Georges était heureux, il n’avait jamais connu de tels moments. Il put enfin se relâcher et parler sans crainte d’être jugé. Emilie était ravie car les visites de sa maman étaient parfois rares du fait de sa dépression et la compagnie de Georges comblait ses instants de vide affectifs.
– Georges ?
– Oui Emilie
– Tu m’as dit que tu n’avais pas d’ami hein ?
– Oui, à mon grand regret…
– Est-ce que je peux devenir ton amie ?
Le cœur de Georges se serra si fort qu’il crut qu’il allait cesser de battre. Les larmes aux yeux, il regarda Emile lui teint la main et lui répondit.
– Je serais fier d’avoir une amie comme toi Emilie.
– Supeeeeeeeeeeeeer ! cria t’elle !
Elle courra dans les couloirs en sautillant et en criant
– Georges est mon ami, Georges est mon ami…
L’équipe soignante était touché d’émotion, à la fois pour Georges qui était seul et Emilie qui montrait le bonheur et sa joie de vivre. On laissa Emilie éclater sa joie.
Emile savait que Georges était aussi malade car parfois on lui interdisait d’entrer dans la chambre, l’état de Georges empirait et dans les moments de crise il valait mieux éviter qu’un enfant puisse voir la souffrance sur le visage de Georges.
Un soir avant de s’endormir elle demanda à l’infirmière.
– Madame, Georges aussi va aller au ciel ?
Ce fut difficile pour l’infirmière. Que répondre ? Emilie était très intelligente et il ne servait à rien de lui mentir.
– Oui, répondit-elle, d’une petite voix
– Je le savais, mais ce n’est pas grave il ne sera pas seul, je serais avec lui et grand-mère aussi….
– Oui, répondit-elle, mais elle avait du mal à contenir ses émotions et la bordait vite afin de pouvoir quitter la chambre rapidement.
Georges était heureux. Pour la première fois de sa vie il pouvait parler sans crainte à une personne. Même si cette personne était une petite fille de 7 ans, elle possédait déjà toutes les qualités d’écoute que Georges avait besoin. Il n’a jamais tant ris, ni partager ses émotions.
Il avait une amie. Il se répétait cette phrase tout le temps. C’est difficile de décrire ce que Georges peut ressentir, il suffit d’imaginer qu’il combla un vide émotionnel de toute une vie en quelques jours.
Les journées passèrent et Emilie ne manquait jamais de passer un moment avec Georges. Celui-ci attendait toujours avec impatience sa visite.
L’état de Georges empirait de jour en jour. Il souffrait énormément mais ne laissait paraître devant Emilie. Il la regardait toujours en train de lui raconter ses histoires de jeune fille. Une après-midi alors qu’ils regardaient ensemble une émission comique Georges sentit une pression plus importante dans sa poitrine. Un peu comme si on l’étouffait en bloquant les poumons. Il eut encore le reflexe pour appeler une infirmière. Celle si entra très vite dans la chambre sentant que les choses s’accéléraient pour Georges. Elle emmena Emilie dans sa chambre. Celle-ci refusa et voulait rester avec Georges. Elle avait remarquait qu’il se passait quelque chose d’inhabituel.
– Non, laissez-moi, je veux lui dire au revoir, laissez-moi, laissez moi.. Georges….Georges…
Georges entendit ses cris mais ne pouvait répondre. Il n’arrivait plus à respirer et l’équipe médicale essayer de l’intuber en urgence mais sans succès. Georges entendait les sons et conversation des infirmiers.
– On le perd ! on le perd…. Amenez le matériel de réanimation vite !
Il entendait les bruits de son cœur qui s’accélérait, il cherchait l’air mais ne le trouvait pas
Il comprenait que c’était la fin, son cœur ralentissait mais chaque battement raisonnait si fort qu’il aurait cru qu’il était sorti de son corps et placé à cote de son oreille.
Boum boum, boum boum, boum….boum, boum……..boum, boum………….boum, boum…..
Il ne l’entendait plus….une sensation de froid l’envahit. Il entendit une dernière chose avant que son cerveau s’arrêta définitivement.
– Au revoir Georges….
C’était Emilie, elle était sur le bord de la porte et voulait saluer une dernière fois son ami.
Emile ne pleurait pas. Elle est restée, debout, devant la porte, sa poupée à la main. L’infirmière la regarda et l’emmena dans sa chambre pour la coucher.
– Georges est parti au ciel, hein ?
– Oui….Emilie
– Je vais bientôt le rejoindre n’est-ce pas ? On restera amis pour toujours, il me l’a promis. Je lui ai parlé de Grand-mère, je lui ai dit de ne pas savoir peur, ensemble nous allons faire plein de chose après.
L’état d’Emile empira par la suite. Son moral fut touché par le départ de Georges et elle semblait vouloir attendre pour le rejoindre. Elle ne sortait plus, ne riait plus et ne courrait plus dans les couloirs.
Elle s’est éteinte quelques jours après, durant la nuit, sans douleur, sans dire un mot. La veille, elle a juste dit à l’infirmière.
– Au revoir madame
Elle ne disait jamais cela le soir, juste bonne nuit. L’infirmière ne prêta pas attention de suite à cette phrase à part le lendemain lorsqu’on trouva Emilie endormie pour toujours.
Ainsi partit Georges, un homme qui n’a pas eu de chance durant toute son existence sauf durant les dernières journées où il a pu se faire la meilleure amie qu’il ait eue. Ils se sont retrouvés dans un autre monde et cette fois ci, resteront amis pour l’éternité.